mardi 22 octobre 2013
Les débarbouillettes
Le chemin de la décroissance matérielle nécessaire à notre aventure a duré pour nous 3 ans officiellement; les 3 années précédent le départ du 8 mai. Pour ma part, il aura débuté officieusement avec mon retour à Matane en 2005. 8 vélos et assez de matériels pour faire tourner un atelier de mécanique pesaient sans que je le réalise sur ma personne. Année après année, selon mon acceptation à laisser partir mes choses, incluant celles que j'avais fabriqué moi-même et toutes celles ayant une valeur sentimentale puisqu'elles me rattachaient à un passé dont je suis fier, j'ai vendu, donné ou recyclé. Chantal de son côté avait déjà peu de choses suite à une séparation où elle avait choisi sa liberté plutôt que son matériel.
Pour tout le reste, nous en avons planifié la diminution afin d'arriver au jour J avec le minimum de biens en entreposage et seulement le nécessaire à notre nomadisme dans nos sacoches. Nous avons donné une grande quantité de choses en 2010 et 2011. Le succès de la vente de garage de 2012 nous a fait prendre conscience que nous aurions pu faire grimper la cagnotte du départ en les vendant aussi. Pas question de regretter. La voiture et la maison auront demandé plus d'efforts par contre, même sentimentalement.
Décroissance signifie surtout ne pas croître! Il fallait contrôler notre consommation de biens durables. Idéalement ne rien acheté de nouveau qui ne partirait pas avec nous et remplacer seulement ce qui le devait. Mieux, remplacer 2 articles défraichis par un seul article. Encore mieux, s'en passer! J'avais un bon ami dans le passé possédant un trait de caractère que je ne comprenais pas. Il ne remplaçait ses articles de sport que lorsque ceux-ci avaient tout donné, parfois un peu plus. À ce moment de ma vie, je le comprenais. Il m'aura inspiré un petit jeu. Celui de doser l'usure de mon matériel jusqu'au dernier moment. J'ai étiré la vie de mes pneus, de mes souliers de marche en montagne, de tout. Par contre, le symbole suprême pour moi était nos débarbouillettes! Nous les avons regardé se défraichir, s'amincir, s'effilocher, sans broncher. Quelques dollars auraient suffit pour "régler" ce problème. Pas question! Elles devaient tenir bon jusqu'au 8 mai. Les débarbouillettes représentaient tous nos efforts!
Guy
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