5 octobre 2013
Un "Merci pour tout" et "j'y vais" auront été pour moi les seules paroles que j'ai réussi à prononcer en quittant mes parents tellement l'émotion était grande. Chantal aura vécu un peu la même chose la veille puisque ses parents ont quitté pour un petit voyage le vendredi. Cela aura été plus facile en leurs absences. Nous pédalons lentement pour nous imprégner une dernière fois de Matane. La température est agréable si ce n'est un léger vent qui augmentera en intensité pendant la journée. Nous apercevons des oies blanches à plusieurs reprises. Elles sont quelques milliers à un certain point. Nous terminons notre journée au centre des loisirs de Luceville. C'est un coin connu et éprouvé pour nous. Notre nuit y sera calme.
6 octobre
Le réveil nous surprend par sa fraicheur. Il y a gèle au sol que le soleil tente de faire disparaître lentement. Notre café matinal est le bienvenu. Après à peine quelques kilomètres, à Ste-Luce, nous constatons que nous sommes sur le parcours du marathon de Rimouski. Nous croisons le meneur près de l'église; il est presque à mi parcours. À Pointe-au-Père, nous reprenons la route 132 tellement il est difficile de contourner les centaines de coureurs. Un peu avant le diner, nous aurons le plaisir de croiser Eddy et Jovette à Rimouski; Eddy vient de faire un excellent temps au 10 kilomètres. En début d'après-midi, nous faisons une pause au parc du Bic. Nous y savourons le soleil splendide de cette journée et profitons de la douche du camping pour nous rafraîchir. Ça nous fournira le courage pour pédaler jusqu'à St-Simon en passer par le méconnu et champêtre 1er rang de St-Fabien tout coloré par l'automne. Nous soupons et plantons la tente dans ce qui fut probablement le centre des loisirs de St-Simon. Tout est en piteux état. Pas important pour nous.
7 octobre
Ce vent qui perturbe notre sommeil. Ce vent qui tente de renverser notre précieux poêle peinant à chauffer l'eau du café. Ce vent qui souffle si fort et avec tant de bourrasques que l'on est rejeté sans arrêt sur le bas côté. Ah ce maudit vent! Vous aurez compris que chaque coup de pédale en cette journée est pénible. À Trois-Pistoles nous doutons même que progresser est possible. Après un café (encore) nous reprenons la route avec courage. Surprise, le vent a baissé un peu mais surtout, sa folie est si grande qu'il nous pousse dans le dos aussi souvent qu'il nous ralentit. On croirait vivre la Patagonie de René Ouellet. Nous terminerons avec beaucoup d'efforts à Rivière du Loup au chic Auberge de la pointe. Nous obtiendrons, nous pauvre cycliste, une chambre à 109$ avec vue sur le fleuve pour 79$. Quel confort ce lit!
Quoi de mieux pour ajouter à ce luxe que de se préparer un petit souper pas ordinaire? Pour ce faire, je me propose pour me rendre seul à l'épicerie qui selon mon souvenir se trouve tout simplement de l'autre côté de l'autoroute, à moins d'un kilomètre. Erreur!!! Je dois traverser la ville en gravissant les côtes. Ma petite épopée nécessitera 90 minutes! Mais nous aurons des sushis et du vin...
8 octobre
Nous savourons le luxe du déjeuner sur une table de verre ce matin; le luxe d'un jus d'agrumes et le luxe d'un café très chaud. Le premier coup d'oeil vers l'extérieur par la très large porte patio donnant sur le fleuve est très prometteur. Le vent et la pluie de la nuit ont laissé la place au calme et à un ciel bleu. Notre départ se fera doucement vers 10h30. Nous n'avons pas besoin de nous presser. En théorie, notre objectif de mercredi étant Cap St-Ignace, nous ne devons pas faire plus de 60 kilomètres aujourd'hui. Ce sera 55 km dans les faits.
Nous avançons en savourant les couleurs de l'automne et la fraîcheur de cette journée. La traversée de Notre-Dame du Portage me rappelle à quel point je trouve ce village joli. Les falaises et les battures de Kamouraska elles, me rappelle à quel point je trouve toute la région splendide. Un détour imprévu dans le village de Kamouraska nous y fera découvrir un côté méconnu. Quel chance avons nous d'être sur la route au Québec en automne!
Le curé du village de St-Denis nous donnera gentiment son approbation pour l'utilisation de l'arrière cour de la dominante église comme camping. Même le bedo lors de son passage se montrera d'une grande gentillesse. Encore une fois depuis le départ de Matane, l'entrée dans la tente se fait dès 18h30. Noirceur oblige, nous prenons plus de repos.
9 octobre
Cette nuit calme nous aura fourni un repos bienvenu. Nous déjeunons sur le perron de l'église malgré la fraîcheur matinale de cette journée qui s'annonce superbe. Dès les premiers tours de roue, il est évident que le vent viendra de l'ouest. Nous connaîtrons sa force un peu plus tard. Comme c'est devenu l'habitude, nous prenons une pause café, au McDonald's de La Pocatière cette fois. La caféine ne sera pas superflus pour la section de piste cyclable sur les aboiteaux en bordure du fleuve.
À St-Roch des Aulnaies, nous entrons en zone de guerre. Le village est sous le siège de la machineries lourdes utilisées pour la réfection entière de la grande rue. Nous ne pouvons profiter de ce joli village tellement on ne peut relâcher notre attention. La chaussée de gravier mou agmente l'effort pendant que les mastodontes nous oblige à zigzaguer. Nous passons même sous la flèche d'une pelleteuse (à l'arrêt) à un moment.
Le vent continu de ralentir notre progression sur cette longue section de la route 132. Cette difficulté s'ajoute à la douleur à un tendon d'Achille de Chantal qui l'handicape fortement. Malgré cela, nous arriverons chez Richard et Marthe à Cap St-Ignace vers 16h30. Nous sommes très heureux de les revoir puisqu'ils nous avaient reçu en 2012. Ce sera encore une fois une riche rencontre!
Photo à titre indicatif
Un peu plus tôt dans le secteur de l'Anse à Gilles, nous avons dépassé un cycliste, je devrais dire un tricycliste, réparant une crevaison à l'avant de son Rickshaw. Relisez la dernière phrase. Cet homme à la chevelure blanche et à la peau bronzé voyage avec un tricycle identique à ce que l'on voit en Inde et il semblait y transporter une charge aussi lourde. Incroyable! Nous sommes des moumounes avec nos petits vélos! Ne voulant pas arriver après 17h chez nos amis, nous ne sommes pas arrêté pour jaser et prendre une photo malheureusement. Merde!
10 octobre
Suivant notre agréable déjeuner avec Richard et Marthe, nous prenons la route avec premier objectif de s'assurer que Chantal peut pédaler sans douleur. Nous poserons le pied au sol à Montmagny. Il est impossible pour ma douce de poursuivre la route. Heureusement, Richard nous avait proposé une alternative; il nous offre d'arrêter nous voir sur la route pour prendre des nouvelles et au besoin transporter Chantal et son vélo vers la Beauce. Ce sera la solution. Chantal arrivera en Beauce en début d'après-midi avec Marthe et Richard. Pour ma part, je continuerai, par principe et par orgueil.
Mon défi sera d'abattre 100 kilomètres supplémentaires selon Google Maps pour un total de 110 si je ne veux pas devoir monter la tente. La limite serait théoriquement 18h pour ne pas rouler de nuit. Mes capacités et mon orgueil seront mis à rude épreuve. Le vent de l'ouest sera très présent pour plus du 2/3 du parcours.
À Berthier sur mer, je tournerai vers le sud pour ensuite emprunter la route 228. Je ferai quelques arrêts dont à St-François. Près de St-Raphael (Bellechasse), mon inspiration me fera prendre le circuit cyclable du Grand Saut. Superbe mais il se transformera rapidement en gravier difficile à naviguer.
Les couleurs orangées de l'automne sont extraordinaires! Je fais une pause diner près d'une chute ou je discuterai avec des habitants de l'endroit. Ce secteur devait me permettre de simplifier mon trajet. Ça fonctionne en ajoutant de la difficulté par contre.
À St-Anselme, pour me donner un peu de courage, j'englouti un café et un caramel Vachon. Ça marche! Heureusement puisque suite à la traversée du pont de la rivière Etchemins, je dois gravir une petite montée courte mais très abrupte. Son souvenir me revient à l'esprit. Il y a bien des années que je ne suis pas passé par là. Heureusement que je suis un cycliste! Le pont était fermé à la circulation automobile pour vérification. Il aurait fallu que je rebrousse chemin et trouve une alternative à plusieurs kilomètres. Ou que je nage...
10 nouveaux kilomètres me feront traverser Ste-Hénédine. Je n'arrête pas. Encore un autre 10 et j'entre à Scott (autrefois Scott Jonction). Là, je lèche une crème molle à la Cantine chez Sandra. Ça me redonne encore un petit peu courage. Faut dire, que je suis tellement près de mon but que rien ne pourrait m'arrêter, pas mème la noirceur. La piste cyclable me permettra de me rendre à Ste-Marie de Beauce rapidement. Je connais très bien le secteur pour y être demeuré pendant 10 ans. Je serai accueilli comme un roi par nos amis Gilles et Diane; c'est une habitude chez eux! J'y retrouve Chantal avec bonheur!
J'ai fait un constat pendant cette journée. Il m'a même frappé très fort dans le visage ce constat! J'ai compris ce que Chantal vivait jours après jours. J'ai du, pour atteindre mon objectif, pousser de toute mes forces pendant près de 6 heures. Chantal subit ce traitement depuis près de 5 mois. Elle maintient un effort maximal en tout temps. Aurais-je supporté 5 mois à 100% de mes capacités? Pas sur du tout. Donc, chapeau Chantal pour ton courage!
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